Maroc: Les postiers en grève : Ouverture du capital, prélude à une «privatisation déguisée»

Publié le par Le Blog - la Voix Des Travailleurs - V.d.T.

Pour n’avoir pas vu évoluer notablement le dialogue amorcé avec la Direction générale de BAM, autant sur la question du cahier revendicatif que sur celle du devenir de Barid AL Maghrib, les postiers ont débrayé, vendredi, pour 24 heures, et pour la deuxième fois, après l’avoir déjà fait à titre préventif le 5 décembre dernier. Durant la matinée, ils ont tenu un sit-in devant le Parlement.

Lancé par la Fédération nationale des postes et des télécommunications - affiliée à l’UMT - le Syndicat national des postes et des télécommunications - Affilié à la CDT - et la FDT, le mot d’ordre appelant les postiers de BAM à observer une grève générale de 24 heures, le vendredi 20 mars, a recueilli l’adhésion d’une très forte majorité des salariés du secteur à travers tout le territoire national. Ainsi, des taux de participation records ont été enregistrés dans les principales villes du Royaume.
Cette grève, selon les représentants des syndicats, a été décidée à la suite des tergiversations, de la part de la Direction de Barid Al Maghrib sur un certain nombre de points figurant sur le cahier revendicatif, notamment ceux en rapport avec l’augmentation des salaires et avec la gratification d’échelle, et à la suite aussi de l’absence d’un dialogue sérieux et d’une visibilité sur la question du  devenir de BAM, que le gouvernement se propose de privatiser, selon les termes des représentants des syndicats.
Le colloque, organisé mercredi dernier, portant sur la question du devenir de BAM et auquel ont pris part le ministère de tutelle, la direction générale de BAM et les représentants des syndicats s’est achevé en demi-teinte, pour ne pas dire en queue de poisson. Du fait, avant tout, de la différence d’appréciations que portent les uns et les autres sur le projet de loi 07-08. En effet, et alors que les représentants des syndicats disent que ce projet de loi est un prélude à une privatisation déguisée, le ministère de tutelle et la direction de Barid Al Maghrib, eux, parlent d’une simple transformation de BAM avec ouverture du capital dictée par la nécessité d’une flexibilité.

Flexibilité : D’abord au niveau du dialogue


Pour marquer leurs inquiétudes, les représentants des syndicats s’inspirent, à raison d’ailleurs, du précédent d’Ittissalat Al Maghrib dont le capital est majoritairement détenu par des actionnaires étrangers.
Aussi, au titre des recommandations proposées lors de ce colloque, il y a lieu de noter la proposition du gel de la discussion du projet de loi 07-08, portant sur la transformation de BAM en S.A, qui, rappelons-le, a été introduit pour discussion auprès de la commission des finances de la chambre des représentants juste avant la clôture de la dernière session de ladite chambre, l’éventuelle ouverture du capital de BAM aux seuls institutionnels et le maintien du statut particulier des salariés de BAM.
Le ministère de tutelle, lui, n’adhère évidemment pas à ces recommandations et s’arc-boute sur le fait que BAM sera transformée en S.A à capitaux publics. Et d’ajouter que les craintes formulées par les syndicats n’ont pas lieu d’être et qu’il n’y a pas lieu de faire un parallèle entre BAM et IAM, les secteurs étant différents.
Le débat se trouve pour ainsi dire dans un véritable cul de sac.
Nous estimons pour notre part que si flexibilité, un terme cher au ministère de tutelle, doit avoir lieu, elle devrait peut être commencer par marquer l’attitude du gouvernement pour faire sortir le débat sur cette question de l’impasse sans laquelle il semble s’être englué.

Jamal Hafsi              
22/3/2009
www.albayane.ma

Publié dans voixdestravailleurs

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