L’Opinion 08 08 2007: Intervention musclée des forces de l’ordre contre les grévistes de mine de Jbel Aouam à Khénifra.

Publié le par Le Blog - la Voix Des Travailleurs - V.d.T.

L’Opinion 08 08 2007
  
 
Khénifra:  Intervention musclée des forces de l’ordre contre les grévistes de Jbel Aouam
 
3 blessés graves et 13 arrestations

L’intervention musclée des forces de l’ordre le lundi dernier contre les grévistes de Jbel Aouam-Tighza s’est soldée par 3 blessés graves parmi les mineurs et 13 arrestations apprend-on de sources syndicales. Les mineurs arrêtes devraient probablement être déférés devant les autorités judiciaires compétentes.
Les mineurs ont été surpris très tôt le matin par un déploiement sans précédent des forces de l’ordre qui ont reçu instruction de déloger par la force les grévistes ; motif invoqué selon un responsable syndical, entrave à la liberté de travail.
Notons que plus de 300 ouvriers affiliés a l’UG.T.M ont été amenés, vu le mutisme des responsables sur leurs revendications légitimes, d’observer un sit-in ouvert depuis le 5 juillet denier devant le siège de l’administration de la société minière de Touiste à Jbel AOUAM-TIGHZA afin de protester contre la politique du pire prônée par les responsables de la société qui refusent jusqu’à maintenant d’entamer des négociations sérieuses et responsables avec les représentants syndicaux.
Ce mouvement de protestation a permis d’ailleurs de dévoiler les conditions de travail jugées « lamentables » et « esclavagistes », les harcèlements fréquents des ouvriers et les intimidations au quotidien.
Les mineurs ont d’ailleurs reçu le soutien inconditionnel de M. Mohamed Ben Jelloun Andaloussi, secrétaire général de l’U.G.T.M, qui s’est joint aux mineurs protestants le vendredi 13/07/2007 pour s’enquérir de visu de leurs conditions.
Le Secrétaire Général de l’UGTM avait brisé la loi du silence et ouvert un dialogue avec les responsables provinciaux en leur expliquant les pires conditions que vivent les travailleurs de jebl Aouam qui rappellent certaines pratiques remontant à l’age « médiévale » et ce à cause d’une certaine myopie des représentants de la société minière Touisite et des représentants des sociétés sous traitantes à savoir E.C.G et Tighanimine. « L’entêtement inexplicable des représentants des sociétés CMT-ECG-TIGHANIMINE ne pouvait qu’envenimer une situation déjà explosive et seul un dialogue sérieux peut résoudre un conflit social qui ne profite à aucune partie », nous a confié M.Hassan Bourhime, responsable UGTM. L’arrestation d’ouvriers ne pourrait qu’attiser les différents, d’ailleurs, les ouvriers se sont dits toujours prêts à user de tous les moyens légitimes pour défendre leurs droits.

Réunion urgente du Bureau exécutif de l’UGTM
Liberté et droit occultés de la vision sociale
Suite aux évènements qui ont eu lieu dans la commune de Lahmam à Mrirt, soldés par plusieurs blessés graves et 13 arrestations suite à l’intervention violente des forces de l’ordre pour disperser les mineurs en sit in depuis le 4 juillet 2007, le Bureau exécutif de l’UGTM a tenu une réunion urgente à Casablanca le 6 août 2006pour débattre de ces évènements dramatiques sachant que les autorités locales sont bien au fait des efforts fournis par la centrale syndicale aux niveaux local, régional et central pour aboutir à une séance de dialogue avec l’administration de l’usine et trouver une solution au problème. C’est ainsi que le Secrétaire général de l’UGTM, le secrétaire régional de la centrale et les représentants des ouvriers, étaient présents à une rencontre avec M. le gouverneur de la province qui était accompagné de tous les chefs de service, alors que l’administration de l’usine a préféré la politique de la chaise vide persistant ainsi dans son refus de tout dialogue et débat. De même que les autorités centrales au ministère de l’Intérieur avaient intervenu auprès de la centrale et qu’un rassemblement de solidarité auquel devait prendre part le Secrétaire général de l’UGTM a été annulé pour laisser place à la recherche d’une solution.
Le bureau exécutif de l’UGTM considère que l’intervention violente contre les ouvriers illustre le parti pris flagrant contre l’action syndicale et tente d’occulter les exactions commises par cet établissement. Il s’agit là d’un incident grave qui traduit l’échec d’imposer le dialogue et son remplacement par la répression et l’incitation à porter atteinte à l’action syndicale.
Cela dit, le bureau exécutif, après avoir passé en revue les différentes interventions violentes des forces de l’ordre contre les actions syndicales, qu’il s’agisse aujourd’hui du cas de Jbel Aouam, ou hier devant le siège de la Banque du Maroc ou encore au Royal Golf Dar Essalam, ainsi que les pressions visant à imposer le fait accompli à la CNSS (Caisse Nationale de la Sécurité Sociale ) et à Maroc Télécom, réaffirme que l’action syndicale ne signifie pas un dialogue social occasionnel qui donne une fausse image de l’action syndicale qui demeure visée par des mentalités éloignées de la vision tracée par SM le Roi relative à l’entreprise citoyenne garante du développement durable.
Le bureau exécutif souligne en outre que les milieux officiels ne retiennent de l’accord concernant le contenu du code de travail, que la répression pour soutenir certains patrons qui agissent comme bon leur semble. De même que le respect des principes des libertés et droits de l’homme demeure absent de la vision sociale, du fait que le mouvement syndical reste toujours à la merci de la pression des mentalités des années de plomb.
Enfin, il souligne que les débats sur la couverture médicale et les mesures d’accompagnement demeurent vains et inutiles tant que les garanties de la sécurité de l’emploi restent absentes.
Enfin le Bureau exécutif de l’UGTM, se réserve tous les droits d’user des actions adéquates pour mettre fin à de tels agissements qui reflètent la non-crédibilité des attitudes envers les droits légitimes et naturels de la classe laborieuse marocaine.
 
Hassan BENMAHMOUD
 
 
 
Voir  vidéo de l’entretien des militants AMDH section de khénifra avec ouvriers Mine Jbel Aouam après l'intervention musclée des forces de l'ordre marocaine le 6 août 2007 à 5 h du mat.
www.dailymotion.com/video/4543500
 
Repères :
  
AMDH: Association Marocaine des Droits Humains, ONG constituée en 1979, reconnue d'utilité publique, vouée à la défense et la promotion des droits humains au Maroc, affiliée à la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l'Homme).
 
Actuellement elle dispose de 70 sections locales et  8 sections régionales et compte 8.000 membres environ dont un sixième de femmes.
 
Le site web de l’AMDH:
 
  
  
UGTM : Union Générale des Travailleurs du Maroc : « Issue d’une scission de l’UMT », Orgainsation syndicale marocaine a été créée en 1960.
 
UMT : Union Marocaine du Travail, est une organisation syndicale Marocaine fondée en 1955 à Casablanca avant l’indépendance du Maroc.
 
CDT : Confédération Démocratique du Travail « Issue d’une scission de l’UMT », Organisation syndicale marocaine a été fondée en 1978. 

Publié dans voixdestravailleurs

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